PROJECTIONS : Images oubliées des luttes décoloniales (Festival Pour la suite du monde)

Dans le cadre du festival POUR LA SUITE DU MONDE :
Dimanche 28 septembre – L’ÉLYSÉE
IMAGES OUBLIÉES DES LUTTES DÉCOLONIALES
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14h : Le Rêve (1986, Liban, 45 min.) de Mohamed Malas
À Beyrouth dans les camps, les Palestinien-nes racontent leurs rêves : apparitions de personnages célèbres, d’ami-es ou de parents disparu-es, images et sons de bombardements et d’avions, moments de peur ou d’amour, images d’une terre devenue lointaine. Jeunes et vieux/vieilles, hommes et femmes disent leurs rêves, quelque chose de leur monde intérieur.
> En présence de Amira Karray, psychologue clinicienne
et maître de conférences-HDR en psychologie (Aix-Marseille Université)
et de URGENCE PALESTINE.
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15h30 : Non-Alignés : scènes des archives Labudović (2022, Serbie, 1h40) de Mila Turajlić
En Serbie, des bobines de films regorgent d’images oubliées de liesses populaires, de sommets politiques, et parfois de luttes armées anticoloniales. Mila Turajlić les exhume une à une et part à la rencontre de celui qui les a filmées : Stevan Labudović. À partir de 1954, de Belgrade à Alger en passant par New York, ce filmeur passionné a capté sur pellicule, pour le compte de Tito et de l’ex-Yougoslavie, les combats anti-impérialistes et l’opposition à l’idée d’un monde bipolaire partagé entre l’Est et l’Ouest. Ses images racontent l’émergence du “Tiers-Monde” sur la scène internationale et une utopie politique : le mouvement des Non-Alignés. Une époque où l’on croyait que le cinéma pouvait écrire l’histoire.
> En présence du Decolonial Film Festival.
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18h : « Basta, les films qui n’existent pas existent » (60 min.) – Ciné-performance de Léa Morin
Quelle place peut-on donner dans nos histoires aux souffles, aux désirs et aux blessures ?Comment restituer un cinéma empêché et non advenu face aux violences de l’Histoire ? Quels gestes peut-on déployer pour prendre soin de ces récits abîmés, sans en effacer ni leurs fragilités, ni leurs combats ? Comment se situer dans cette recherche ? Cette performance composée d’images absentes et de récits marginalisés — les manifestes pour un cinéma décolonial post-indépendances, le film inexistant Basta de Mehdi Ben Barka, le cinéma manquant de la Réunionnaise Madeleine Beauséjour, la Cinémathèque algérienne, l’école de Lodz, ou encore les « semeurs d’étoiles » du cinéma marocain — est une tentative d’en partager la matière et les mouvements, et de repenser nos pratiques, en allant vers la constellation, le collectif, l’explosion des contours, pour relier, associer, composer et articuler au lieu de diviser.
> Par Léa Morin, programmatrice et chercheuse indépendante.
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20h : Leïla et les loups (1984, Liban, 1h30) de Heiny Srour
Leïla, étudiante libanaise, voyage à travers le temps et l’espace pour réfuter la version coloniale et masculine de l’Histoire présentée par son amoureux. Son voyage commence sous le Mandat britannique des années vingt et finit dans la Guerre civile libanaise. « Invisibilisées, les femmes sont littéralement absentes des images tournées pendant ces périodes de guerres, et leur rôle prépondérant n’est jamais évoqué. Désireuse de rendre hommage à leur mémoire et de pérenniser leurs actions, la réalisatrice confronte les vidéos officielles et son recours à la fiction au sein d’un cinéma anticonformiste, qui invente la puissance de son propre langage. » Première femme du monde arabe à être sélectionnée au Festival de Cannes, Heiny Srour s’est imposée dans sa vision sans concession, militante féministe décoloniale. (Céline Bourdin)
> En présence de la réalisatrice Heiny Srour (sous réserve),
de Léa Morin, éditrice du livre « femme, arabe et… cinéaste »
de Heiny Srour (éd. Talitha) et du Decolonial Film Festival.